«Transformation de l’agriculture et de l’agroindustrie pour créer des richesses en Afrique,» tel est le thème des Assemblées annuelles de la BAD, qui se tiennent à Ahmedabad, Inde, du 22 au 26 mai 2017. La rencontre mobilise des décideurs politiques, des représentants du secteur privé, des experts de haut niveau, des médias et des organisations de la société civile. Mme Kodeidja Diallo, Directrice du Département du Secteur privé de l’institution, a bien voulu accepté d’aborder les prévisions de la BAD en termes de stratégies spécifiques de financement de cet important secteur, de partenariats public-privé (PPP) et de développement durable. Elle présente des propositions sur la vision de la BAD qui consacrera la transformation de l’Afrique et de l’homme africain.
La Banque africaine de développement (BAD) a approuvé en 2016 sa stratégie pour la transformation de l’agriculture en 2016 ou Nourrir l’Afrique. Cet engagement se justifie vu l’énorme potentiel du continent africain pour l’Agriculture. En effet, l’Afrique dispose de plus de 60 % des terres arables de la planète et l’agriculture emploie plus de 60% de la population active du continent. Malgré ce potentiel, certains pays africains continuent de souffrir de famines. Par ailleurs, le continent importe annuellement plus de 100 milliards USD par an pour son alimentation. Cette tendance est appelée à croitre si rien n’est fait.
Pour la Directrice du Département du Développement du Secteur Privé de la BAD, Diallo Kodeidja, Cette stratégie requiert des investissements substantiels (estimés entre 315 et 400 milliards d’USD) sur la période 2015-2025. Un cout nettement plus élevé que les fonds disponibles dans le secteur public.
Or l’on sait que les capitaux institutionnels et le secteur privé constituent une source cruciale de financement; les actifs bancaires nets s’établissent à environ 800 milliards d’USD rien qu’en Afrique subsaharienne. Mis ensemble, les fonds souverains, de retraite et de capital-investissement constituent des actifs nets de plus de 550 milliards à 600 milliards d’USD. Mais ces fonds doivent être mobilisés de manière appropriée pour pouvoir être dirigés vers le secteur agricole.
Pour libérer leur plein potentiel, les pays africains doivent s’engager sur une trajectoire de croissance menée par le secteur privé et facilitée par le secteur publique, tirant parti des ressources domestiques ainsi que des investissements directs étrangers. Pour qu’il en soit ainsi, l’Afrique doit mettre en œuvre une politique agro-industrielle complète et résolue.
Pour motiver le secteur privé à intervenir, le secteur public doit créer un environnement favorable avec des cadres institutionnels et juridiques appropries, en adoptant des politiques ainsi qu’en effectuant les réformes et les investissements connexes dans les actifs (surtout les infrastructures) qui permettront à l’agro-industrie du secteur privé de prendre de l’essor.
A ce jour le secteur prive de la BAD a engagé plus de 350 millions de dollars dans l’agriculture te l’agro-business à travers plusieurs chaines de valeur y compris l’agroforesterie. Dans le cadre de sa stratégie « Nourrir l’Afrique », la Banque a décidé d’investir environ 24 milliards USD dans l’agriculture et l’industrie agroalimentaire au cours des dix prochaines années. Le Département de Secteur privé est appelé à jouer un rôle critique dans la mobilisation et l’allocation effective d’une partie de ces ressources.
De manière concrète, souligne Mme Kodeidja Diallo, l’intervention du secteur privé de la BAD se concentrera sur les interventions sans garantie souveraine dans l’amélioration de la productivité agricole, la transformation des aliments et la production agro-industrielle. Le secteur privé contribuera aussi et surtout, à aider le secteur de l’agriculture à surmonter un de ses obstacles primordiaux qui est l’accès au financement en accélérant le financement pour l’agriculture par des mécanismes innovants de financement. En démultipliant les investissements aux niveaux global, régional et national, en catalysant le cofinancement des projets et en attirant les opérateurs privés, le Département de Secteur privé accélérera les investissements dans l’infrastructure intégrée et transfrontalière pour améliorer la compétitivité de l’Afrique dans la transformation, l’addition de la valeur ajoutée et la distribution de produits agricoles. Cela modernisera l’agriculture et les industries agro-alimentaires connexes en Afrique et promouvra l’Afrique comme un leader dans des chaînes de valeur choisies dans lesquelles l’Afrique a un avantage comparatif.