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«Le secteur privé moteur de la croissance de l’Afrique…»

Mais comment créer des richesses en Afrique et soutenir la croissance économique grâce à la création d’emplois durables et à l’augmentation des revenus ?  « Le secteur privé va jouer un rôle central pour l’industrialisation de l’Afrique, une des priorités de la BAD, qui le reconnait comme lieu principal des innovations technologiques et des gains de productivité… L’industrie peut aussi avoir un rôle stratégique en termes d’indépendance,»  a expliqué Kodeidja Diallo, Directrice du Département du développement du secteur privé à la BAD, à AnnualMeetings Daily

Kodeidja DialloLe débat sur l’industrialisation de l’Afrique et le rôle du secteur privé africain ont été l’objet de discussions, notamment au Forum économique mondial, récemment à Kigali. A votre avis, l’Afrique est-elle prête pour cette révolution ?
L’industrialisation est essentielle pour assurer une croissance durable en Afrique. Dans le contexte actuel des économies africaines, elle est plus une nécessité qu’un choix. La Banque africaine de développement (BAD) en a fait l’une de ses cinq priorités.

Pourquoi ?
L’industrie est le lieu principal des innovations technologiques et des gains de productivité.  En effet, au cours des dix dernières années, l’Afrique a enregistré une croissance du PIB sans précédent, croissance s’établissant en moyenne à 5 % par an. En revanche, la distribution des revenus et les taux d’emploi ne correspondent pas à la croissance du PIB. La majorité des pays africains dépendent encore de l’agriculture de subsistance (qui emploie environ 80 % de la population du continent). L’industrialisation peut accélérer l’agriculture et permettre à l’Afrique de se nourrir.
Voyez-vous, la croissance sans précédent enregistrée par les Pays Membres Régionaux (PMR) de la BAD était tirée dans une large mesure par les cours relativement élevés des produits de base et les marchés d’exportation. Toutefois, les dividendes du niveau élevé des exportations ne se sont pas traduits par la diversification de la base de production.  Par ailleurs, le continent continue d’importer des biens de consommation de base, avec peu d’importations de substitution, et est encore tributaire dans une très large mesure de produits manufacturés venant de l’étranger.

Disposez-vous d’exemples chiffrés concrets ?
A titre d’exemple, le PIB industriel par habitant de l’Afrique n’est que de 700 USD, contre 11 500 USD pour l’Amérique du Nord, 3 400 USD pour l’Asie de l’Est et 2 500 USD pour l’Amérique latine. Par ailleurs, par rapport au reste du monde, la part de l’industrie dans le PIB a été ramenée de 32 % à 27,8 % entre 2005 et 2013, tandis que le secteur de la fabrication a enregistré un recul pour tomber de 17,7 % en 1975 à 11 % en 2013.

La BAD veut passer à la vitesse supérieure dans la réalisation de cinq nouveaux objectifs prioritaires pour le continent : éclairer et fournir de l’énergie à l’Afrique ; la nourrir ; l’industrialiser ; l’intégrer et améliorer la qualité de vie de ses populations. De manière pragmatique, quelle devrait être l’ambition de développement industriel pour le continent ?
Les défis de l’industrialisation du continent sont énormes et nécessitent une grande ambition, mais nous devons rester également réaliste et sortir des sentiers battus, en adoptant des approches novatrices. Il s’agit de libérer le plein potentiel industriel des pays africains en tirant la croissance  par les investissements du secteur privé ciblant la transformation industrielle. L’aspiration, pour atteindre l’objectif visé, en ce qui concerne la Banque est de contribuer à doubler le PIB industriel à hauteur par capita en 10 ans, et ceci en portant le PIB global du continent de son niveau d’environ 2,2 trillions d’USD à environ 4,6 trillions d’USD.

Car l’Afrique à maints égards, se trouve encore à la première ou tout au plus à la deuxième étape de la révolution industrielle, et l’augmentation du PIB industriel aura un effet multiplicateur sur le PIB par habitant et l’ensemble de l’économie. Un tel objectif semble ambitieux, mais l’expérience d’autres économies en voie d’industrialisation dans le monde montre que l’Afrique peut de manière réaliste atteindre cet objectif. C’est le cas de l’inde, la Malaisie, l’Afrique du Sud, la Turquie, entre autres.

Quelles ont été les contributions concrètes du Département du secteur privé de la BAD dans ce secteur depuis au moins une décennie ?
Le département du Secteur privé de la BAD, depuis sa création en 1998, jusqu’en 2015, il a fait approuver 60 opérations ciblant les secteurs liés à l’industrie, à hauteur de plus de 3 milliards d’USD. Ces opérations ciblaient les secteurs de l’agro-industrie, de la fabrication et des industries extractives (mines, pétrole et gaz). Par ailleurs, à travers ses interventions dans les fonds de capital-investissement ciblant le secteur de l’agriculture ou le multi-secteur, la Banque appuie également indirectement le développement de l’industrie en Afrique.  La BAD a mis en place plusieurs mécanismes qui vont accélérer le développement de l’industrie en Afrique. La liste est longue et l’institution dispose actuellement d’une architecture financière, organisationnelle et humaine assez solide, lui permettant de réaliser notre objectif dans les années à venir. Plus important, l’institution est gérée. Le leadership est important.

Quelles seront les axes prioritaires d’intervention de la BAD, dans le secteur privé, dans la réalisation des cinq priorités ?
La Banque œuvrera certes de concert avec les autres partenaires dans tous les programmes retenus, mais elle entend soutenir les PMR, en jouant le rôle de chef de file pour une série de ces programmes phares. ll s’agit des programmes phares visant, entre autres, la promotion des politiques industrielles couronnées de succès ; la croissance des marchés financiers liquides et efficients ; la mobilisation des ressources en faveur des projets ciblant l’infrastructures et l’industrie; la promotion et le pilotage du développement des entreprises ; la promotion des partenariats stratégiques ; l’intégration des marchés africains; et l’accélération des flux de capitaux à destination des pays africains, ainsi que celle du développement des compétences et des technologies

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